Le Point sur les prothèses mammaires / Idées reçues

Ces dernières années, plusieurs scandales ont éclaté dont notamment l’affaire PIP. Les médias relayant souvent des informations de source peu fiable, il est temps de faire le point.

Dans quels cas utilise-t-on un implant mammaire ?

En reconstruction mammaire: après cancer du sein ou après une malformation ( par exemple un sein tubéreux)En esthétique: pour augmenter le volume mammaire.

De quoi sont faits les implants mammaires ?

Les implants mammaires sont constitués d’une enveloppe de silicone dont la surface externe peut être lisse ou texturée, et d’un produit de remplissage (sérum physiologique, silicone ou hydrogel). Il existe également des implants avec une enveloppe en polyuréthane. Les implants peuvent avoir une forme ronde ou anatomique.

Qu’est-ce qu’une coque?

L’enveloppe de la prothèse mammaire est l’interface entre l’implant et l’organisme.

La coque périprothétique est une réaction inflammatoire due au corps étranger, la prothèse mammaire. Normalement, la réaction physiologique normale après une augmentation mammaire par prothèse, est d’isoler la prothèse des tissus environnants en constituant une membrane fine et hermétique, la capsule périprothétique.

La coque est une amplification de ce phénomène, où la capsule s’épaissit et se rétracte en comprimant la prothèse. On relève plusieurs stades de contractions périprothétiques, les stades 3 et 4 se traduisant par une induration importante nécessitant une reprise chirurgicale.

Selon le type d’enveloppe, le corps va réagir de façon différente à l’implant. Ce point est essentiel dans l’apparition du phénomène de coque.

Il existe deux types de coques : les coques précoces (dans les 6 mois qui suivent l’intervention). Elles sont liées à la prolifération de bactéries colonisant la peau et/ou la glande mammaire autour de la prothèse (on appelle cela le Biofilm). Ces bactéries prolifèrent si elles sont entrées en grande quantité, il existe une accumulation de sang autour de la prothèse, et la réaction inflammatoire autour de l’implant est faible.les coques tardives (entre 5 et 25 ans après l’intervention) qui sont liées à une usure de l’enveloppe de silicone et/ou à une rupture de l’implant. Le silicone dégradé va provoquer une inflammation locale, durcir le sein et aboutir à une coque.

Enveloppe lisse ou texturée ?

Avec des enveloppes lisses

Les prothèses mammaires lisses sont les premières prothèses mises sur le marché. Les prothèses remplies de sérum physiologiques ne sont disponibles qu’avec ce type d’enveloppe. Les implants mammaires lisses n’existent qu’en forme ronde. Elles ont pour avantages :

la possibilité de les mettre en place par une petite incisionune enveloppe peu épaisse donc peu palpableune réaction post opératoire autour de l’implant très faible.

Leur inconvénient principal est expliqué par ce dernier point. Comme la réaction inflammatoire post opératoire est très limitée, les globules blancs n’éliminent pas le biofilm autour de la prothèse et ceci aboutit à un taux de coque précoce de pratiquement 10%.

Avec des enveloppes micro ou macro-texturées

Ces enveloppes ont été développées dans les années 80 pour réduire le taux de coques. La texturation va provoquer une réaction inflammatoire post opératoire et va désorganiser les fibres de collagène. Leur avantage principal est donc la réduction du taux de coques de 10% avec les implants lisses à environ 3% avec les implants texturés. Cette texturation provoque une adhérence de l’implant à la capsule qui n’est cependant pas complète. Ainsi, il existe un risque de rotation évalué à 5% à 10 ans.

Autre désavantage, la membrane des implants texturés est plus épaisse et peut se sentir à la palpation.

Avec des enveloppes de mousse de polyuréthane

La mousse de polyuréthane agit comme une matrice 3D dans laquelle les cellules responsables de la formation des coques, les fibroblastes, vont s’encapsuler, désorganisant ainsi les fibres de collagène. Ainsi le taux de coque lors d’une première augmentation mammaire esthétique par ces implants est inférieur à 5%. De plus, les fibroblastes intègrent littéralement la mousse, emprisonnant l’implant. Ceci explique qu’AUCUNE rotation d’implant anatomique recouvert de mousse de polyuréthane n’a jamais été décrite. Les inconvénients de ces implants sont leur prix (2 fois plus cher qu’un implant classique), l’épaisseur de leur paroi qui est souvent palpable, notamment à leur bord inférieur, et la difficulté de leur pose. En effet, il est souvent nécessaire de réaliser une incision d’au moins 5 cm et leur positionnement est très difficile (les implants accrochent aux tissus).

Prothèses rondes ou anatomiques?

Les rondes

Ces implants mammaires sont les plus utilisés dans le monde. Leur avantage principal réside dans le fait que leur forme ne change pas, même en cas de rotation de l’implant. Les implants ronds donnent généralement beaucoup de projection dans la partie supérieure du sein ce qui favorise le décolleté.

Un des problèmes de ces implants est la visibilité éventuelle de leur bord supérieur en cas de pose de la prothèse devant le muscle rendant ainsi nécessaire une pose derrière le muscle plus douloureuse si le volume choisi est supérieur à 300 cc.

La prothèse ronde est plus volontiers utilisée chez les patientes ayant déjà du volume.

Les anatomiques

Les prothèses mammaires anatomiques ont une portion inférieure située sous l’aréole plus projetée que leur portion supérieure située au dessus de l’aréole. L’aspect général du sein augmenté prend alors une forme de poire avec un rendu très naturel. Le bord supérieur est aussi moins visible ce qui permet des augmentations mammaires devant le muscle même pour des volume supérieurs à 300 cc.

L’inconvénient majeur des implants mammaires anatomiques texturés ou microtexturés est leur risque de rotation dans environ 5% des cas. Le problème a été résolu par les prothèses mammaires anatomiques recouvertes de mousse de polyuréthane. En 2 mois, l’implant est intégré par le corps et ne peut plus tourner.

La prothèse anatomique est plus volontiers utilisées dans les cas d’hypoplasie mammaire.

Historique des prothèses mammaires

1962 : 1ers implants mammaires en silicone posés à Houston.1965: Création par Henri Arion en 1965 d’une prothèse avec une enveloppe en élastomère de silicone remplie de sérum physiologique.1980: apparition des prothèses microtexturés pour diminuer le risque de coque important avec les prothèses lisses.

– En 1992 : interdiction des prothèses mammaires de silicone aux USA suite à des plaintes de patientes considérant les fuites liées aux ruptures de leurs implants, responsables de leurs cancers ou du développement de Lupus. Mise en place d’une étude par la FDA (Food and Drug Administration).

– Les prothèses silicone sont alors remplacées par les prothèses en sérum physiologique mais dont la longévité est inférieure, et la formation de vagues bien plus fréquentes.

– En 2001, l’étude de la FDA, montre l’inocuité des prothèses en silicone et celles-ci sont réintroduites.

– 2011 : scandale PIP: le gel de silicone a été remplacé par un gel de moins bonne qualité et les risques de rupture sont plus importants. La plupart des implants a été changé. Dans le cas contraire, une surveillance tous les 6 mois clinique et para clinique reste indispensable pour vérifier les implants.

– décembre 2018 : nouveau scandale: Les implants texturés seraient associés à un risque accru de développement de lymphome anaplasique à grandes cellules.

Il s’agit d’un lymphome extrêmement rare dont les facteurs éthiopathogéniques ne sont  pas connus. Des particularités de texturation de certaines prothèses macrotexturées ont été suspecté mais également des infections ou inflammations chroniques et potentiellement des profils génétiques favorisant l’apparition de cette maladie.

A ce jour, cette interdiction n’est basée sur aucune donnée scientifique. Il faut donc continuer les recherches et surtout obtenir du gouvernement, la mise en place rapidement du registre des prothèses mammaires. Les chirurgiens plasticiens français sont à l’origine de ce projet.

Des études sont actuellement en cours pour déterminer l’implication exacte des implants texturés. A l’heure actuelle, seuls les implants texturés biocell de chez Allergan sont sortis du marché.

Les recommandations des chirurgiens plasticiens sont de ne pas explanter les prothèses mises en place et de surveiller. La mise en place des autres implants texturés et des prothèses en polyuréthane reste possible.

Mais, le 4/4/19, l’ANSM a décidé de passer outre les recommandations des professionnels de santé en interdisant les prothèses en polyuréthane et macrotexturés.

Cela est préjudiciable car ces prothèses macrotexturées rendent de grands services en reconstruction mammaires notamment après l’ablation totale du sein, mais également chez les jeunes femmes porteuses d’anomalies mammaires pour lesquelles la forme anatomique est nécessaire. C’est également le cas chez les femmes ayant des hypoplasies avec ptose sévère ou les seins vidés. Si vous êtes porteuse de ces implants, une surveillance annuelle chez votre chirurgien est recommandée.

Conclusion

L’évolution des techniques chirurgicales et des matériaux utilisés est en permanente évolution.

Certaines prothèses adulées jadis peuvent disparaître rapidement. La découverte d’effet néfaste ou de complication liée à la prothèse doit toujours être vérifiée par une étude fiable. L’information doit être délivrée par le chirurgien plastique.

S’informer, se tenir au courant des dernières innovations et avancées mais également des dernières complications potentielles est primordial pour le chirurgien plastique pour apporter à la patiente la meilleure solution et la plus dénuée de risque.

Les mesures de précaution extrême prises par l’ANSM ne laissent que peu de possibilités au chirurgien en terme de reconstruction mammaire. Les recommandations restent la surveillance annuelle en cas de prothèse macrotexturée ou polyuréthane. En cas de doute n’hésitez pas à contacter votre chirurgien.

Photographie 3D avec le VECTRA et simulation 3D

Le vectra est un appareil qui permet de réaliser des photographies 3D du visage ou du corps de manière ultra précise. Le logiciel permet ensuite de réaliser des simulations des traitements proposés (exemple : prothèses mammaires pour la poitrine ou rhinoplastie pour le nez).

Comment ça marche ?

A partir de 3 photographies réalisées, le logiciel va assembler automatiquement les images en une seule photographie 3D.

À quoi ça sert ?

Le visage

Dans un premier temps, l’objectif est d’analyser la texture de la peau (tâches, grain de peau, pore, rides, télangiectasies…).

Puis, nous analyserons les contours du visage et les volumes. Tout ceci permettant de réaliser une topographie des reliefs cutanés.

A cela s’ajoute l’analyse précise des mesures des différents paramètres importants pour le visage.

Toute cette analyse va permettre de faire ressortir les éléments empêchant l’harmonie du visage.

Dans un deuxième temps, une simulation pourra être envisagée pour aider le patient à se faire une idée du résultat. Ainsi, pour les rhinoplasties, le profil sera analysé en même temps. Et il n’est pas rare de se rendre compte que le menton peut parfois manquer de volume et qu’il faut alors corriger le nez et le menton pour restaurer l’harmonie. Le Vectra permet de réaliser une simulation objective des différents défauts à corriger.

Avec le vieillissement, le visage perd ses volumes. Le vectra permet de cartographier les pertes de volume afin de permettre de les restaurer au mieux. L’élément essentiel de la prise en charge esthétique d’un visage est le traitement global : Il faut traiter la superficie (la peau) et la profondeur (les volumes) pour restaurer un visage jeune.

Le corps

Le Vectra permet également une Photocartographie du corps entier.

L’analyse des volumes est fondamental et va permettre de mettre en évidence des différences comme lors d’une asymétrie mammaire.

Choisir le volume ou la forme des prothèses mammaires n’est pas simple. L’utilisation du Vectra permet de simuler les différentes gammes de prothèses des différentes marques. Ainsi, on pourra tester une prothèse ronde ou anatomique, de petit volume, ou plus gros volume. L’objectif, encore une fois, est de permettre de donner une idée du résultat que l’on peut espérer.

Avant une liposuccion, le vectra permet de quantifier le volume graisseux à traiter.

Et de simuler le résultat que l’on peut escompter.

Pectus excavatum et maladie de poland

Le pectus excavatum ou thorax en entonnoir, est une déformation du thorax très fréquente caractérisée par une dépression médiane ou latéralisée. Elle touche une naissance sur 200 (homme femme confondus).

Le pectus excavatum n’engendre pas de retentissement cardiaque ou respiratoire sauf dans des cas très exceptionnels. La gêne est d’ordre psychologique et esthétique quelque soit l’âge. 

Les anciens traitements chirurgicaux proposés (technique de Ravitch ou Nuss) étaient très invasifs. La technique de Nuss visait à introduire des barres maintenues par des stabilisateurs dans la cage thoracique pour redresser le thorax chez des patients jeunes. L’ensemble du système, invalidant, était gardé pour une durée de 3 ans.

La chirurgie plastique a alors abordé le problème complétement différemment en proposant de combler l’espace par une prothèse et non plus de redresser le thorax.

La technique du moulage en plâtre s’est alors développée mais est en passe d’être dépassée grâce aux implants 3D sur mesure réalisés grâce à la conception assistée par ordinateur à partir d’un TDM.

Les implants, réalisés en élastomère de silicone, ne nécessitent pas de changement.

Cette technologie innovante a été mise en place par le professeur Chavoin et la société anatomikmodelling à Toulouse qui a réalisé 600 interventions avec des résultats remarquables.

Seuls 60 chirurgiens dans le monde sont formés à cette technologie. J’ai eu la chance et l’honneur de faire partie de cette formation et suis actuellement la seule sur Bordeaux et la région sud ouest à réaliser cette technique.

L’intervention se déroule sous anesthésie générale et dure en moyenne 1 heure.

L’incision médiane verticale en regard du sternum mesure en moyenne 7 cm. L’implant est glissé dans la loge sous le muscle grand pectoral.

Les suites opératoires sont simples.

La sortie se fait à J1.

Un vêtement de contention est ensuite à porter jour et nuit pendant 1 mois.

La reprise des activités sportives est progressive à compter du 3ème mois post opératoire.

Maladie de Poland

Le syndrome de Poland se caractérise par l’absence d’une partie ou de la totalité du muscle grand pectoral (pouvant être associé à une malformation de la main homolatérale).

L’anomalie se traduit souvent par une dépression sous la clavicule chez l’homme et chez la femme par une asymétrie mammaire.

Le principe est le même que pour le pectus. Une prothèse sur mesure est réalisée à partir d’un TDM grâce à la technologie CAO. Seule la technique chirurgicale diffère.

La prothèse est également en élastomère de silicone et ne nécessite pas de changement au fil des années.

L’intervention se déroule sous anesthésie générale et dure en moyenne 1 heure.

L’implant sur mesure viendra combler et remplacer le muscle grand pectoral permettant une symétrisation de la cage thoracique et, chez la femme, une symétrisation des seins. Il est mis en place par voie axillaire, la cicatrice est ainsi très peu visible.

Les suites opératoires sont simples.

1 nuit d’hospitalisation est également nécessaire.

Un vêtement de contention est à porter jour et nuit pendant 1 mois.

La reprise des activités sportives est progressive à compter du 3ème mois post opératoire.